Déjeuner, café et victime

Déjeuner, café et victime

Récemment, je suis allé déjeuner avec Vincent, un ancien collègue de cégep qui a, lui aussi, démarré une boîte en sortant de l’université. Son entreprise est en croissance, la mienne aussi, on voulait se rencontrer pour échanger et voir s’il existe des opportunités d’affaires.

Pour choisir le resto, j’avais demandé à mon réseau Facebook de me suggérer un endroit dans le coin de la Petite Italie. On m’en a proposé plusieurs, j’en ai choisi un et j’ai booké le rendez-vous dans nos agendas.

Le matin du déjeuner, 5 minutes avant mon arrivée, Vincent m’appelle pour m’informer que le resto n’ouvre qu’à 8:30. Il est 7:40. Mais quel genre de restaurant de déjeuner n’ouvre qu’à 8:30! Bon, pas grave, Vincent me dit qu’il y a un petit café à côté. Il y aura sûrement quelques viennoiseries qui feront office de déjeuner.

Je me stationne et je le rejoins. Joli café, mais très minimaliste. 5-6 places assises, style-bar. Pas de viennoiseries. Juste du café espresso. En fait, je comprends que l’établissement sert plutôt d’escale aux jeunes professionnels qui s’en vont au bureau. Ils accrochent leur café en chemin, le prennent pour emporter.

Clairement pas l’endroit idéal. Je suis pris au dépourvu. Je n’aime pas être pris au dépourvu.

On s’installe au bar, côte à côte. Pas super à l’aise pour discuter et se raconter notre parcours des dernières années. En plus, dès que la barrista commence un nouveau café, la machine fait un tapage sans nom. On a de la misère à s’entendre. On crie presque.

Je sens l’état d’esprit victime qui m’envahit.

MAIS QUI M’A RÉFÉRÉ une place à déjeuner qui ouvre juste à 8:30! Je vais TELLEMENT poster un commentaire là-dessus sur Facebook. Je vais taguer le resto en plus pour leur faire part de mon MÉCONTENTEMENT. Pis le café dans lequel je suis présentement, C’EST N’IMPORTE QUOI. Si on peut à peine s’asseoir et discuter, n’appelle pas ça un café. Fais un « drive-thru » par une fenêtre pour ramasser ton café et ne laisse PERSONNE ENTRER!

On réussit tant bien que mal à avoir un bel échange et on se laisse sur quelques actions à prendre.

En arrivant au bureau, je me rends compte que j’ai oublié mon portefeuille dans le fameux café. J’y retourne.

J’entre dans la voiture et je me sens comme Bruce Willis dans Pulp Fiction, quand il retourne à son appartement pour retrouver la montre que sa blonde a oubliée. J’exagère, mais l’image est bonne :).

Je vous raconte tout ça, car c’est un bel exemple d’une situation où j’ai laissé mon état d’esprit être victime. Victime de la personne qui m’a suggéré le resto de déjeuner qui n’ouvre qu’à 8:30. Victime du café trop bruyant sans rien à manger. Victime d’avoir oublié mon portefeuille.

Et c’est pour ça que je n’ai rien posté sur Facebook à propos du restaurant de déjeuner pour ceux qui se lèvent tard. Ni contre le café pour emporter. Parce que ça aurait servi à quoi ? Qu’est-ce que ça m’aurait apporté ? Rien, si ce n’est que d’étaler sur la place publique une frustration qui n’a même pas lieu d’être au départ.

Parce que c’était à moi d’aller voir le site du resto qui m’avait été recommandé pour voir les heures d’ouverture. Point final. Je ne l’ai pas fait. C’est correct, des choses qui arrivent. On a trouvé une solution. C’était pas les meilleures conditions au monde, mais était-ce si grave ? Non. On a réussi à échanger, à connecter et on atteint notre but.

En restant calme, en restant dans le moment présent, en laissant passer la frustration de victime plus rapidement, j’aurais probablement pu être encore plus concentré sur mon interlocuteur et, connecter encore plus et, probablement, ne pas oublier mon portefeuille ;).

La prochaine fois, je vais être meilleur :).

Commentaires

  1. Oh. Un humain! Je dis ça, mais je ne doutais pas que tu l’étais. En tout cas, merci « à l’entrepreneur à succès que tu es » pour le partage, autant de ce qui te passait par la tête ce matin-là que des leçons que tu tires de cet épisode. Bravo!

  2. Merci pour les bons mots Adrien 🙂 À la fin de la journée, nous sommes effectivement tous que des humains 🙂

  3. Dany Lizotte dit:

    Quel bel exemple de prise de conscience de ses responsabilités. Le titre de l’article m’a interpelé car je tente par tous les noyens de rester vigilente et le plus loin possible du rôle de « victime » qui,souvent, n’attend qu’une faiblesse se pointe pour nous assaillir.
    Merci pour ce partage franc et honnête. Et surtout des elements concrets à en retirer.
    Toujours un plaisir de te lire.
    🙂

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